L’ UNSA CD64 en quelques mots
par Pierre Comets – Secrétaire Départemental
Il y a dix ans, Le SD64 UNSA (devenu aujourd’hui UNSA CD64) représentait une centaine de grognons, coupeurs d’herbe, casseurs de cailloux et pousseurs de neige pour ma première assemblée générale. L’UNSA n’était pas « représentative » dans la Fonction Publique et nous devions nous battre pour exister.
Le 4 décembre 2014, deux millions d’agents territoriaux, titulaires et non titulaires, étaient appelés à élire leurs représentantes et leurs représentants dans les comités techniques et les commissions administratives paritaires.
Ces élections représentaient un enjeu collectif :
- pour les 230 métiers de la territoriale qui chaque jour contribuent à rendre efficaces et vivants les services publics de proximité. On demande aujourd’hui beaucoup aux fonctionnaires territoriaux : absorber la réforme territoriale, contribuer à l’effort national…
- Pour donner à l’UNSA Territoriaux les moyens d’instaurer un rapport de force favorable, pour nos salaires, nos emplois, nos conditions de travail.
Ces élections représentaient aussi un enjeu pour le syndicalisme.
Sur fond de transformations des règles de fonctionnement de la fonction publique, vers davantage de précarité et de « mobilité subie », la nécessité d’un syndicalisme autonome qui réaffirme le rôle, la place des services publics et de leurs agents, s’impose.
Au-delà de ces simples mots, c’est toute la fierté de l’UNSA CD64 qui s’exprime, c’est toute la fierté d’une équipe qui a mouillé sa chemise sans compter, qui doivent ici être saluées.
Et si nous ne devions retenir qu’une seule chose, c’est le formidable enthousiasme de notre syndicat, sa jeunesse, son envie d’imposer une nouvelle forme de syndicalisme, respectueuse de l’autonomie, en phase avec les réalités de notre société.
Le résultat de ces élections dans nos syndicats nous confère à la fois une grande chance mais aussi de grandes responsabilités.
Une grande chance, car aujourd’hui nous sommes nombreux. Plus de 500 syndiqués dans une organisation, ça ne compte pas « pour du beurre».
Le résultat de ces élections, le nombre conséquent de nos adhérents instaurent un véritable rapport de force. Et il nous sera nécessaire avec la mise en œuvre de la réforme territoriale. Il est indispensable aussi pour que les syndicats UNSA Territoriaux représentatifs dans les collectivités territoriales imposent l’exercice du dialogue social et en fassent respecter les règles.
Dans ces périodes troublées où des victimes innocentes, par dizaines et par dizaines, ont payé de leur vie ou de leur santé ce qui, aux yeux de terroristes fanatisés, constitue leur seul crime : vivre en démocratie, le « vivre ensemble » s’impose à nous de manière forte et impérieuse. Son délitement révèle d’une manière crue et intolérable une exclusion citoyenne qui a fracturé notre société en profondeur.
Pourtant, dans un pays qui prélève 57% de sa richesse et en redistribue 33%, la France n’est pas forcément le pays où les inégalités sociales explosent, même si on ne peut nier l’existence des « super riches » et des « super pauvres ».
Ce qui est plus insidieux, c’est la nature des inégalités sociales, destructrices du principe de solidarité qui fonde nos sociétés. Les inégalités sociales, la nécessité du vivre ensemble ne sont pas absentes du discours politique. Mais elles ne sont là qu’en toile de fond, la plupart de nos édiles ayant les yeux rivés sur l’économie, sur la réduction des déficits… passant leur temps à de stériles querelles d’apothicaires sur austérité ou pas austérité
C’est bien cette société individualiste que nous avons fabriqué là.
- Qui ne se préoccupe plus de savoir combien coûte une année scolaire, une journée d’hospitalisation…
- Qui ne se préoccupe plus de savoir qui paye à qui et pour qui ?
- Qui ne veut plus savoir que derrière ces transferts, il y a un contrat social qui fonde justement notre vivre ensemble.
Les françaises et les français ont confiance dans les institutions régaliennes comme l’armée, la police, l’école…et les maires de leurs communes. En revanche, ils ne sont que 35% à faire confiance aux syndicats.
Et ce ne sont pas les manifestations du1ermai plus maussades encore que d’habitude qui vont donner aux salariés de ce pays une image positive, forte et représentative des organisations syndicales.
La défiance à l’égard du syndicalisme n’est pas nouvelle, même si elle reste notablement inférieure au rejet des partis politiques…. avec seulement 9% d’opinion favorable.
Et pendant que chacun y va de sa posture, y va de sa déclaration, y va de sa campagne électorale comme déconnecté du monde réel.
Nos militantes et militants UNSA Territoriaux subissent injures, menaces et humiliations en défendant les valeurs républicaines au nom de l’UNSA.
Ils font mentir les thèses du Front National qui voudraient apparaître tellement bienveillant à l’égard des syndicats et ils en payent le prix.
« Mais qui a peur de l’UNSA ? »Pourquoi une organisation syndicale née il y a un peu plus de 20 ans déchaîne-t-elle autant de passions ? Pour sa liberté de penser ?
Parce qu’elle ose dire que si l’on peut mourir pour ses idées on doit surtout vivre pour les défendre : un texte fondateur sur le droit d’asile, une grande charte de la laïcité, une lutte sans merci contre les extrêmes qui menacent notre capacité à vivre ensemble
Je ne souhaite pas que l’UNSA CD64, qui nous est cher à tous oublie, ce vivre ensemble. Ce vivre ensemble, cette solidarité, tous nous l’envie et donne envie de venir adhérer et militer à l’UNSA CD64.
- Sans ce vivre ensemble, sans cette solidarité nous n’aurions pas gagné en décembre 2014.
- Sans cette capacité à éviter le repli identitaire et le corporatisme nous ne serions pas ce grand syndicat.
Aujourd’hui, au travers de nos différents représentants dans les instances, au travers de notre présence dans les différents conseils nationaux, régionaux, l’esprit dans lequel travaille l’UNSA CD64 fait école. Notre attachement à l’autonomie dérange et bouscule certains de nos dirigeants installés depuis des lustres.
La parole que porte l’UNSA CD64 est à ce jour écoutée, voire entendue.
L’UNSA CD64 a su se diversifier au bon moment, au début, agents des routes puis des collèges ensuite travailleurs sociaux et médico-sociaux, agents de diverses collectivités.
Cadres C, B et A tous se retrouvent dans la politique que l’UNSA CD64 mène.
Cette reconnaissance est, à mon avis dû à la capacité de quelques-unes et quelques-uns à aller voir ailleurs comment cela se passait.
Cette capacité nous ne devons pas la perdre, cette capacité nous a permis d’évolué, de partager nos idées, de prendre le meilleur pour nous et surtout d’anticiper.
Dans les mois qui viennent, nous risquons de vivre des moments difficiles, revenir à se replier sur les grognons cités au départ serait une grave erreur. Continuer comme nous l’avons toujours fait en essayant de rassembler de faire corps sans faire de corporatisme sera notre seule chance de réussite.
L’acte individuel, même s’il peut donner satisfaction à l’instant « t », finira toujours par se retourner contre vous. A force de tirer la couverture à soi ont fini par avoir trop chaud, mais ne compter plus sur personne pour venir vous refroidir.
De notre capacité à anticiper, à aller chercher le meilleur là où il se trouve, à se mobiliser rapidement dépendra notre avenir et notre crédibilité.
Nous avons les moyens, nous avons les personnes, nous avons confiance en l’équipe en place et nous devons faire confiance à l’UNSA CD64.
Pour terminer, voici deux citations. Les plus anciens connaissent la première puisqu’elle a précédé notre logo pendant des années et la seconde n’est pas mise là innocemment.
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront. » René CHAR
« L’expérience collective s’accumule, mais l’expérience individuelle s’éteint avec l’individu. » Henri-Frédéric